Illusion

On me dit souvent que les roses aujourd'hui n'ont plus de parfum, ou qu'une rose sans parfum n'est pas une rose. Il est vrai que les roses anciennes européennes sont presque toutes parfumées, très parfumées, et donc depuis plus de deux siècles, on a l'habitude de roses aux senteurs puissantes.

Mais à partir de la seconde moitié du 19° siècle, quand les premières roses à floraison remontante (c'est-à-dire fleurissant plusieurs fois dans la saison) sont apparues, on a peu à peu délaissé ces roses anciennes très parfumées, au profit des secondes qui, elles, n'étaient pas, ou très peu parfumées, et fort sensibles aux maladies.

Les premiers résultats combinant floraison remontante et fort parfum ont été obtenus en croisant les deux types ci-dessus, et ont été dénommés "hybrides remontants". S'ils ont effectivement de belles fleurs souvent très parfumées et s'ils refleurissent plutôt bien, ils sont dans leur quasi totalité très sensibles aux maladies et nécessitent beaucoup d'engrais et d'arrosage pour être beau. Il donneront au début du 20° siècle les rosiers dits "hybrides de thés" (les rosiers à grandes fleurs solitaires, comme chez les fleuristes), encore plus florifères et avec une gamme de couleur bien plus étendue, incluant les rouges, les jaunes et les oranges qui n'existaient pas jusqu'alors. 

Nous avions alors effectivement des roses parfumées.

Mais à l'époque, personne ne rechignait à sortir le pulvérisateur pour traiter les rosiers (très) régulièrement. Or les époques changent. Plus personne n'a voulu planter de rosiers, trop malades, nécessitant trop de taille compliquée... et les obtenteurs en retour ont concentré leurs efforts pour obtenir des variétés résistantes aux maladies, rustiques et toujours, voir plus!, florifères. 

Cette avancée significative s'est faite au prix du parfum la plupart du temps, pour le bien d'une meilleure santé des rosiers.

Les variétés à grandes fleurs parfumées que l'on imagine avec nostalgie dans les jardins de nos grand mères toujours en fleurs et au parfum puissant existent encore, mais plantées aujourd'hui, elles ne procurent souvent que déception, car la nostalgie du souvenir oublie les molécules chimiques et l'attention que ces variétés requièrent, sans quoi elles sont malingres, chétives, et presque toujours sans feuilles! 

C'est tout particulièrement vrai pour les rosiers rouges et jaunes, historiquement plus fragiles.

Kordes, un obtenteur allemand qui a fait de la robustesse sa marque de fabrique, a ainsi créé en 1961 le rosier 'Illusion', un grimpant à fleurs d'un rouge très vif et lumineux, de bonne tenue au soleil et surtout d'un excellente résistance aux maladies. 

Il fleurit de manière quasi continue de mai aux gelées, sauf période de sécheresse évidemment. 

Une excellente variété, robuste et saine qui, vous l'aurez compris, n'a que peu de parfum.